Page:Cartulaire de Cormery.pdf/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lii

ordre du roi, fut établi et reconnu avoué, c’est-à-dire défenseur de l’abbaye de Cormery. Etrange défenseur, dont les moines avaient tout à redouter. Le roi, par un semblant d’équité, y mit pourtant cette condition, que le comte Foulques cesserait dorénavant d’empiéter sur les biens de Cormery. La charte se termine par les formules les plus menaçantes contre ceux qui seraient assez téméraires pour envahir les terres de l’abbaye, « Qu’ils partagent, dit le rédacteur de cette pièce, le sort de Dathan et Abiron, d’Hérode, le bourreau des enfants ; de Néron, le meurtrier des apôtres, Pierre et Paul. » Le résultat de cette négociation fut que le comte garda son château, et que les moines eurent pour protéger leurs propriétés celui qui avait intérêt à les envahir. Singulière justice, il faut en convenir. Les circonstances, néanmoins, permirent aux religieux de Cormery de n’avoir pas trop à se plaindre de leur ambitieux voisin : le succès dans ses entreprises|le rendit peu exigeant.

Au commencement du xie siècle, l’abbaye de Cormery reçut des donations considérables, parmi lesquelles nous devons indiquer spécialement Montchenin, Azay-le-Rideau et Rivarennes. Les bienfaiteurs s’appelaient Marran, Gérard, et Oda, femme de ce dernier. Il paraît qu’à cette époque beaucoup de seigneurs enviaient l’amitié des moines de Cormery. Mabillon raconte à ce sujet une anecdote assez plaisante[1]. Marrie ou Méry, seigneur de Nouâtre, était fort lié avec l’abbé Richard. Il obtint des moines la permission de manger dans leur

  1. Annales Ord. S. Bened., t. iv, p. 713.