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Les droits des comtes de Touraine allaient disparaître pour toujours.

L’abbé Thibault intervient alors avec fermeté. Le château de Montbazon se dressait sur une terre de Cormery : c’était plus qu’une menace. Voyant ses réclamations dédaignées, l’abbé n’hésite pas un instant ; il en appelle à l’autorité du roi. Robert accueille favorablement la demande des moines ; par un acte qui est arrivé jusqu’à nous, malheureusement sans date, il confirme les droits de l’abbaye de Cormery et lui promet aide et protection. Cette pièce est fort curieuse ; car, en même temps que le prince assure de sa protection les religieux de Cormery, il donne des éloges à la bravoure et à la fidélité du comte d’Anjou. Évidemment, le roi tient à concilier deux intérêts ; il tient à faire reconnaître son autorité souveraine, tout en ménageant la susceptibilité d’un vassal grand batailleur. Robert n’avait pas oublié que Foulques se trouvait en compagnie d’Audebert de Périgord, devant les murs de Châteauneuf de Tours, lorsque son père, Hugues Capet, prenant parti pour les chanoines de Saint-Martin et demandant à Audebert : « Qui t’a fait comte ? » reçut cette hautaine réponse : « Qui t’a fait roi ? »

Thibault ne termina pas cette grave affaire. En 1006 il quitta l’abbaye de Cormery pour une autre. Richard, son successeur, la reprit avec la même vivacité. L’issue, cependant, ne répondit pas entièrement aux débuts. Les moines furent obligés d’accepter un accommodement en vertu duquel le comte d’Anjou, par