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partage équitable des charges et du bien-être entre les membres d’une de ces grandes familles qu’on appelle nations, sont d’institution chrétienne. Mais les besoins matériels ne doivent pas étouffer de plus nobles aspirations. L’homme est grand dans ses conquêtes sur la nature et dans ses découvertes scientifiques et industrielles 5 il est supérieur à lui-même en élevant son intelligence vers la source de toute intelligence, en réglant sa volonté par le devoir, en coordonnant toutes ses facultés suivant cette harmonie et cet équilibre qui est la perfection de la nature humaine.

L’Église a désigné cet état sous le nom de sainteté. Tous les chrétiens y sont appelés ; plusieurs y parviennent ; peu seulement en donnent extérieurement des signes extraordinaires. Il n’est guère de communautés monastiques qui n’aient brillé, durant le cours de leur existence, de l’éclat de ces vertus extraordinaires. Cette gloire n’a pas été refusée à l’abbaye de Cormery. Après avoir été attristés du spectacle d’attaques et de résistances violentes, trop souvent renouvelées, nous allons être consolés en étudiant les principales circonstances de la vie édifiante du bienheureux Léothéric.

Issu d’une famille riche et distinguée dans le monde, Léothéric naquit vers le milieu du xie siècle, dans un village du pays sénonais. Dom Yves Gaigneron, dans sa Chronique de Cormery, prétend qu’il vit le jour en Touraine. Son père se nommait Maynard et sa mère Anséïse. Parvenu à l’âge d’homme, Léothéric jouit d’un riche domaine, qu’il devait à la libéralité de son père, abondamment pourvu des biens de la fortune. Il s’y