Page:Cartulaire de Cormery.pdf/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxix


CHAPITRE VIII.

La forêt de Bréchenay et le jugement de Dieu. — Aumône du bon abbé Philippe. — Les bourgeois de Cormery. — Les écoles. — Premiers éléments d’une statistique.

Pendant le cours du xiie siècle, tandis que le reste de la Touraine était ensanglanté par des querelles sans cesse renaissantes entre les plus grands seigneurs, le pays de Cormery parait avoir joui d’une paix profonde. En 1137, l’abbé Guillaume, premier du nom, obtint du pape Innocent II une bulle, en vertu de laquelle le monastère de Cormery passa sous la protection spéciale de saint Pierre et des Pontifes romains. Le crédit des Papes était alors tout-puissant. Leur nom seul suffisait pour assurer aux faibles la liberté et la jouissance paisible de leurs droits. C’est par des actes de ce genre, multipliés sans fin, qu’ils initiaient l’Europe au respect des traités, au maintien de la foi jurée, et qu’ils apprenaient aux guerriers de cette époque à épargner, que dis-je, à défendre au nom de la religion et au nom de l’honneur, ce qu’il y a de plus sacré au monde, la faiblesse des femmes. Ainsi se trouvaient assurés les progrès toujours lents et difficiles de la civilisation.

Toutefois l’abbé Guillaume crut qu’il était prudent de joindre aux lettres pontificales un acte du pouvoir séculier. Il fit confirmer par Geoffroy, fils de Foulques,