Page:Cartulaire de Cormery.pdf/68

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roi de Jérusalem, les immunités précédemment concédées aux habitants de Cormery et aux hommes vivant sur les terres de l’abbaye. Ce Geoffroy était le Plantagenet, la tige des rois d’Angleterre.

Foulques, père de ce Geoffroy, possédait le château de Montbazon, et à ce titre il revendiquait la propriété, du moins en partie, de la forêt de Brécheneay ou des Pelousses[1]. Les moines de Cormery, possesseurs primitifs de ce domaine, avaient arraché les bois, ; défriché la terre et avaient réussi à donner à l’agriculture un sol des plus fertiles. Par suite des guerres, la campagne de Montbazon, plusieurs fois ravagée, devenue le refuge de bandes de voleurs, était tombée dans l’abandon le plus déplorable. Les métairies avaient été détruites, les paysans égorgés ou mis <en fuite. Les champs restaient sans culture. Il paraît que les prévôts du comte trouvaient leur profit dans ce désordre ; car, en laissant croître des bruyères et des buissons, ils voulaient que les terres de l’abbaye fussent de nouveau converties en forêts. Les moines s’efforçaient d’essarter les parcelles voisines de leur terre de Veigné ; mais ils étaient repoussés avec violence. Un des plus ardents opposants était Gautier, surnommé Fais-mal (Facmalum). Fatigués des injures de ce malfaiteur, les moines et les colons eurent recours au comte : Celui-ci, reconnaissant que les plaintes étaient fondées, révoqua Gautier, et mit un autre prévôt à sa place. La querelle cependant n’était pas finie. Les moines furent encore

  1. Cette forêt est appelée Bréchesnay, par Chalmel, Hist. de Tour., tom. ii, pag. 50.