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me servir à la place de laquais de louage. J’y consens, il vient d’abord, et je l’envoye chercher du caffè pour toute la famille. Je fais asseoir Bellino sur le lit avec l’idée de le traiter en fille ; mais voila ses deux sœurs qui courent à moi, et interrompent ainsi mon projet. Je ne pouvois qu’être tres content de l’attrayant tableau que j’avois devant mes yeux : gayeté, beauté sans fard, de trois differentes especes, douce familiarité, esprit du theatre, jolis badinages, petites grimaces de Bologne que je ne connoissois pas, et qui me plaisoient à l’exces. Les deux petites filles étoient de vrais boutons de rose vivans, et tres dignes d’être preferées à Bellino, si je ne m’etois mis dans la tête que Bellino étoit une fille comme elles. Malgré leur grande jeunesse on voyoit la marque de leur puberté precoce sur leurs blanches poitrines.

Le caffè vint, porté par Petrone, qui le servit, et en porta à sa mere qui ne sortoit jamais de sa chambre. Ce Petrone étoit un vrai Giton, il l’étoit de profession. Cela n’est pas rare dans la bizarre Italie, où l’intollerance dans cette matiere n’est ni deraisonnée comme en Angleterre, ni farouche comme en Espagne. Je lui ai donné un cequin pour qu’il paye le caffè, et je lui ai fait present des dixhuit pauls de reste, qu’il reçut me donnant une marque de sa reconnoissance faite pour me faire connoitre son gout. Ce fut un baiser à bouche entrouverte qu’il m’appliqua sur les les levres me croyant amateur de la belle chose. Je l’ai facilement desabusé, mais je ne l’ai pas vu humilié. Quand je lui ai dit d’ordonner à diner pour six, il me repondit qu’il n’ordonneroit que pour quatre, car il devoit tenir compagnie à sa chere mere, qui mangeoit restant au lit.

Deux minutes après, l’hote monta pour me dire que les personnes