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plaisir plus grand que celui de faire tout ce qu’il desiroit. Il me fit habiller en garçon, il me fit quitter toutes mes nippes de fille, et après avoir ordonné à son domestique de l’attendre à Rimini, il me conduisit à Bologne. Nous y arrivons au commencement de la nuit, il me laisse à l’auberge, et il va d’abord chez la mere de Bellino. Il lui communique son projet, elle l’approuve, et elle se console par là de la mort de son fils. Il vient me rejoindre avec elle à l’auberge, elle m’appelle son fils, je lui donne le nom de mere ; Salimbeni s’en va nous disant d’attendre. Il revient une heure après, et il tire de sa poche la machine, qui dans le cas de necessité devoit me faire croire homme. Tu l’as vue. C’est une espece de petit boyeau long, mou, et gros comme le pouce de la main, blanc, et d’une peau tres douce. Tu m’as fait rire sous cape ce matin quand tu l’as appelé clytoris. Cette machine étoit au milieu d’une peau tres fine, et transparente, de forme ovale, qui avoit cinq à six pouces en longueur, deux en largeur. En adaptant cette peau avec de la gomme d’adragant à l’endroit où on distingue le sexe, elle fait disparoitre le feminin. Il liquifie la gomme, il en fait l’experience sur moi en presence de ma nouvelle mere, et je me vois devenue ressemblante à mon cher ami. En verité cela m’auroit fait rire, si le depart subit de l’objet que j’adorois ne m’eut percé le cœur. Je suis restée là comme morte avec un pressentiment que je ne le verrois plus. On se moque des pressentimens, et on a raison, parceque le cœur ne parle pas à tout le monde ; mais il ne m’a pas trompée. Salimbeni est mort tres jeune l’année passée dans le Tirol en vrai philosophe. Je me suis trouvée reduite à devoir tirer parti de mon talent. Ma mere pensa de bien faire en poursuivant à me faire croire homme, parcequ’elle esperoit de me faire aller chanter à Rome. En attendant elle accepta le théatre d’Ancone, où elle employa Petrone pour le faire danser en fille.

Après Salimbeni tu es le seul homme entre les bras du quel Therese a fait des veritables offrandes à l’amour parfait ; et il ne tient qu’à toi de me faire quitter aujourd’hui le nom de Bellino, que depuis la mort de Salimbeni je deteste, et qui commence même à me donner des embarras qui m’impatientent. Je n’ai fait que deux théatres, et j’ai dû dans tous les deux, si j’ai voulu y etre admise, subire le honteux examen, car on trouve par tout que je ressemble si bien à une fille qu’on ne veut me croire homme qu’après la conviction. Jusqu’à present je n’ai eu à faire qu’à des vieux pretres, qui de bonne foi se contenterent d’avoir vu, et certifierent l’eveque ; mais il faut que je me defende continuellement de deux sortes de gens qui m’obsedent pour obtenir des faveurs illicites, et horribles. Ceux qui comme toi deviennent amoureux de moi ne pouvant pas croire que je soye homme exigent que je leur fasse voir la verité, et je ne peux pas me resoudre, parceque je risque qu’ils veuillent s’en convaincre par le tact aussi ; et pour lors je crains non seulement qu’ils