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enfant à la mamelle. Armelline pour lors eut honte de se monstrer vis à vis de moi moins genereuse que son amie, et Scolastica triompha en voyant pour la premiere fois l’usage que j’ai fait des mains d’Armellina, qui jalouse de sa gloire somma Scolastica de m’en faire autant. Elle fit tout, et l’etonnement de cette fille, novice dans l’affaire malgrè ses vingt ans, m’a plu.

Après l’eruption, je leur ai passé leur chemises, et en toute decence je les ai debarassées de leur culotes. Elles allerent alors au cabinet de retraite en se tenant embrassées, et lorsqu’elles revinrent elles s’assirent sur mes genoux. Scolastica bien loin d’etre fachée de la preference que j’ai d’abord donnée aux beautés secretes d’Armellina, paroissoit en être charmée : elle regardoit mon manege, et la façon dont Armellina se pretoit à mes entreprises avec la plus grande attention esperant de voir ce que j’aurois bien vu voulu lui faire voir ; mais qu’Armellina ne vouloit pas m’accorder. Ne pouvant pas finir ou je voulois j’ai fait halte en songeant que j’avois des devoirs vis à vis de Scolastica, dont j’etois aussi curieux d’etaler à mes yeux toutes les beautés qu’une longue chemise couvroit. La complaisante amie ne me fit aucune resistence. Elle étoit trop sûre de mettre sur la balance la question. Il étoit difficile de decider laquelle des deux etoit plus belle ; mais Armelline avoit l’avantage d’etre aimée, la beauté de la physionomie de Scolastica etoit une autre. Je l’ai sentie aussi intacte qu’Armellina, et à la façon dont elle se tenoit j’ai clairement connu qu’elle me laissoit maitre de tout ; mais j’eus peur d’abuser du moment. C’étoit un triomphe trop beau pour le devoir à l’ivresse. J’ai fini en fesant cependant tout ce qu’un connaisseur peut faire pour procurer au charamant objet qu’on frustre tout le plaisir possible. Scolastica tomba rendue de volupté, et persuadée que je ´n’avois eludé ses