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monde l’admiroit. Ayant le privilege de lui parler dans la ??? je lui ai dit que je l’aimerois ne sachant pas ce que cela vouloit dire ; tout mon bien consistoit en trente sous que j’avois dans ma bourse, et j’ai en la ???age de les depenses tous en bonbons dont je lui ai fait present. Ce fut la premiere femme pour la quelle je me suis ruiné à cet age là. Trente quatre ans après nous renouvellames fimes à Florence notre ancienne connoissance ne sentant que l’amitié, et nous ??? la douceur sans ???fection du mal t???. ce moment là à Florence tous nos anciens feux se ralumerent.

La principale locataire de la maison où elle demeuroit étoit la même Brigonzi que j’avois rencontrée à Memel, dans la meme année, lorsque j’allois à Petersbourg. Cette dame Brigonzi, qui pretendoit que je l’avois aimée 25 ans avant ce tems là montoit souvent chez sa locataire avec le marquis Capponi son ancien amoureux, homme tres aimable, et orné. Voyant qu’il me parloit avec plaisir je lui ai facilité le moyen de faire connoissance avec moi allant lui faire une visite qu’il m’a rendu me laissant son billet pour ne m’avoir pas trouvé chez moi. Il me presenta à sa famille, il m’invita à diner, et ce fut le premier jour que je me suis habillé avec elegance, et que je me suis montré avec mes bijoux. J’ai connu chez lui le fameux amant de Corilla marquis Gennori, qui me conduisit dans une maison de Florence où je n’ai pas pu echapper à ma destinée. Je suis devenu amoureux de Madame XX, veuve, ancore jeune, ornée de littarature, assez riche, et instruite des mœurs des nations pour avoir voyagé, et passé six mois à Paris. Cet amour malheureux me rendit desagreables les derniers trois mois que j’ai passés à Florence.

Le comte Medini arriva dans ce même tems ; c’étoit le commencement d’Octobre, et n’ayant point d’argent pour payer