voiturier, celui ci l’avoit fait arrêter. Il étoit allé se loger chez
un irlandois qui étois pauvre malgrè qu’il avoit été toute sa
vie fripon, et Medini m’ecrivoit me conjurant d’aller d’abord
le delivrer des sbires qui l’entouroient dans sa propre chambre,
et qui vouloient le conduire en prison. Il me disoit qu’il n’étoit
pas necessaire que je payasse ; mais que je lui fisse seulement
en caution m’assurant que
je ne risquois rien, puisqu’il étoit sûr d’etre en état de payer
lui même dans peu de jours.
Le lecteur peut se souvenir des raisons que j’avois de ne pas aimer cet homme ; mais malgrè cela je n’ai pas eu la force de ne pas aller à son secours, determiné même à lui faire caution d’abord qu’il m’auroit fait voir qu’il deviendroit en état de payer lui même entre peu de jours. La somme d’ailleurs, comme je pensois, ne pouvoit pas être grande. Je ne comprenois pas pourquoi l’aubergiste même ne lui fesoit pas ce plaisir. Mais j’ai tout vu, et su d’abord que je suis entré dans son appartement.
Il me reçut courant m’embrasser, me priant de tout oublier, et de le tirer du mauvais pas. J’ai vu là trois mâles vides parceque toutes les hardes qu’elles contenoient étoient dispensées par la chambre, sa maitresse que je connoissois, et qui avoit des raisons pour ne pas m’aimer, sa sœur qui avoit onze à douze ans, et qui pleuroit, et sa mere qui qui juroit, et pestoit appellant Medini fripon, et disant qu’elle iroit au magistrat pour reclamer, car il n’étoit pas permis qu’on lui enleva ses robes, et celles de ses filles à cause de la dette que Medini qu’il avoit contractée avec le voiturier. J’ai demandé d’abord à l’hote pourquoi il ne fesoit pas caution, tandis qu’ayant chez lui les personnes, et tout leur equipage il ne risquoit rien. L’hôte me repondit que tout ce que je voyois là ne suffisoit pas à payer le voiturier, et qu’il ne vouloit pas plus garder dans sa maison