pour qu’il m’en fasse d’abord imprimer 500 exemplaires, que j’ai reçu
à Bologne, et que j’ai d’abord donné à un libraire pour qu’il les
vende pour mon compte. Tout cela fut fait en quinze jours, et
aux depens de ces deux medecins beaux esprits j’ai gagné une
trentaine de cequins. Une La premiere des deux brochures s’appelloit
l’utero pensante, la seconde du critique etoit en françois,
et son titre étoit La force vitale. La mienne s’appelloit Lana
Caprina. Je me moquois des des disertateurs, et je traitois
la matiere legerement ; mais non sans l’aprofondis. J’y
avois mis une preface en françois ; mais ne me servant que
d’idiotismes du bas peuple parisien, ce qui me rendoit inintelligible.
Cette espieglerie me fit faire étroite connoissance
avec beaucoup de jeunes gens. L’abbé louche qui s’appelloit
Zacchirdi me donna pour ami l’abbé Severini, qui en dix à
douze jours devint mon intime. Il me tira hors de l’auberge,
me fesant louer deux belles chambres chez une virtuosa retirée
du theatre qui étoit veuve du le tenor Carlani, et me
fit faire un accord avec un patissier à tant par mois pour
diner, et souper qu’il m’envoyoit où je logeois. Entre logement,
nourriture, et un domestique que j’ai dû prendre je
ne depensois pas dix cequins par mois. Cet abbé Severini fut
la cause, tres agréable d’ailleurs, que j’ai perdu tout le
gout à l’étude, et que j’ai laissé là l’Iliade pour m’y remettre
lorsque l’envie me retourneroit.
La premiere chose qu’il fit fut de me presenter à sa famille : et dans peu de jours je suis devenu le plus familier de tous les amis de sa maison, et le favorit de sa sœur assez laide, et agé de trente ans qui avec assez d’esprit, se montrant orgeilleuse de son etat de fille frondoit le mariage. Cet abbé me fit connoitre en careme tout ce qu’il y avoit de plus rare à Bologne en danseuses, et chanteuses. Bologne est la pepiniere de cette engeance, et toutes ces heroïnes du theatre sont