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La Pologne qui n’existe plus aujourd’huini plus au jourd’hui qu’un souffle de vi??? exis­ existeroit encore telle qu’elle étoit à la mort d’Auguste III electeur de Saxe sans l’ambition de la famille Czartoryski que le comte de Brühl premier ministre du roi humilia. Auguste Czartoryski palatin de Russie pour se venger perdit sa patrie. La passion aveugla son profond esprit au point qu’il oublia que la force des axiomes, et principalement en politique est invincible. S’étant determiné non seulement à faire sortir exclure la maison de Saxe de la succession eventuelle au trone de la Pologne ; mais à detroner le monarque regnant, et ayant besoin pour venir à bout de son dessein de se rendre amies la Czarine, et l’electeur de Brandebourg il les fit reconnoitre par la diete la premiere pour imperatrice de toutes les Russies, et le second pour roi de Prusse. Sans cela ces deux souverains parfaitement d’accord entr’eux ne vouloient pas traiter avec la republique. La republique avoit raison de ne pas vouloir leur donner ce titre, puisque c’étoit elle qui possedoit les principales Russies, et c’étoit elle qui etoit roi de Prusse, l’electeur de Brandebourg ne possedant que la Prusse ducale. Le Palatin de Russie Czartoryski aveuglé par le desir de vengeance demontra à la diete que cette reconnoissance devenoit rien d’abord que les souverains n’ambitionnoient que l’honneur du titre, et s’engageoient à ne jamais penser à le realiser. Les souverains dirent qu’ils ne lui demanderoient que le titre ; et la Republique le leur donna, et le palatin de Russie eut le plaisir de voir sur le trone Stanislas Poniatouski fils de Constance sa sœur. J’ai dit alors au palatin même, que le titre accordé leur donnoit un droit réel, et que la promesse de ne jamais s’en servir devenoit nulle, ou illusoire, et qu’ils ne l’auroient pas exigé s’ils n’en eussent vu l’im-