Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/141

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mon dîner un poulet qui avoit bonne mine : outre cela un archer ouvrit les deux fenêtres. Lorsqu’il m’a préſenté mon compte je n’ai jetté l’œil que ſur la ſomme qui me reſtoit pour lui dire que j’en faiſois préſent à ſa femme, un cequin excepté que je diſtribuois à ſes gens, dont deux là préſens me remercièrent.

Reſté ſeul avec moi, voici le discours qu’il me tint d’un air aſſez ſerein : Vous m’avez déjà dit, Monſieur, que c’eſt de moi-même que vous avez reçu l’inſtrument avec lequel vous avez fait l’énorme trou dans l’autre cachot, ainſi je n’en ſuis plus curieux ; mais pourrois-je à titre de grace ſavoir qui vous a donné le néceſſaire pour vous faire une lampe ? Vous-même lui ai-je répondu. Je ne croyois pas, répliqua-t-il, que l’eſprit conſiſtât dans l’effronterie. Je ne mens pas, lui dis-je d’un ton ferme, c’eſt vous qui m’avez donné avec vos propres mains tout ce qu’il me falloit pour me compoſer une lampe.

Je lui ai alors expliqué comment je m’y étois pris ; et lorsqu’il ſe vit convaincu il donna de ſes mains contre la tête, et me demanda ſi je le pouvois convaincre auſſi de m’avoir donné les inſtrumens pour rompre le plancher, et je lui ai dit qu’oui, mais qu’il ne ſauroit