Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/147

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la qualité connue pouvoit cauſer du ſcandale. Il ajoutoit que les trois mères de ces enfans, quoique pauvres, et obligées pour vivre à faire le métier de femmes de chambre, étoient reſpectables, parcequ’on ne pouvoit rien dire contre leurs mœurs avant qu’elles ne l’euſſent connu, et que l’erreur que l’amour leur avoit fait commettre avec lui, étant devenue notoire, le moindre dédommagement, qu’il leur devoit, étoit celui de reconnoître pour ſiens les fruits de leur commerce pour empêcher la calomnie de les attribuer à d’autres ; il finiſſoit par dire qu’il ne pouvoit pas démentir la nature en agiſſant autrement qu’en père. Après m’avoir dit beaucoup de mal de ſon ſupérieur, il ajoutoit qu’il n’y avoit point de risque qu’il pût jamais devenir coupable de la même faute, parceque ſa tendreſſe pieuſe ne ſe déclaroit que vis à vis de ſes écoliers, qui étoient les objets de toutes ſes attentions.

À la lecture de cette longue lettre j’ai connu mon homme : original, vicieux, ſophiſtique dans ſon raiſonnement ſans le ſavoir, libertin, méchant, ſot, et ingrat, parcequ’après m’avoir dit qu’il ſeroit fort-malheureux ſans la compagnie du vieillard qui