Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/151

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pas regardé, et que je ne ſavois plus que faire de ce couteau. Cette fauſſe confidence mit en trois jours de tems mon eſprit en paix, car ſi l’on eût intercepté mes lettres le gardien auroit viſité la fenêtre ; mais je n’ai vu rien d’extraordinaire.

Le père Balbi m’écrivit qu’il ſavoit que je pouvois avoir ce gros couteau, car Nicolas lui avoit dit qu’on ne m’avoit point fouillé avant que de m’enfermer. Il lui avoit dit que Laurent s’étoit informé que les hommes de Meſſer grande n’avoient pas viſité mes poches, et qu’il étoit perſuadé que j’avois des armes : il diſoit qu’il ne ſe crut pas obligé à me fouiller, car en me recevant des mains de Meſſer grande il devoit ſuppoſer que ce devoir avoit été exécuté, et que dans le cas que ma fuite me fût réuſſie cette circonſtance auroit pu le ſauver, et que tout le blâme ſeroit tombé ſur l’autre : l’autre auroit dit que m’ayant vu dans mon lit, et m’habiller à ſa préſence il n’avoit pas beſoin de me faire fouiller, car il étoit ſûr que je n’avois rien. Il finiſſoit ſa lettre par me dire, que je pouvois me fier à Nicolas, et lui envoyer mon couteau. Ce moine étoit un curieux qui vouloit tout ſavoir, et cet archer Nicolas, dont la paſſion