Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je lui ai alors écrit que je penſerois au moyen de lui envoyer le véritable inſtrument que je poſſédois pour rompre qui n’étoit pas un couteau : qu’avec cet inſtrument il perceroit le toit de ſon cachot, il y monteroit deſſus, il iroit au mur qui nous ſéparoit, il le perceroit, il le paſſeroit, il ſe trouveroit ſur le toit de mon cachot, il le romproit, j’en ſortirois, et pour lors me trouvant avec lui, et avec le comte nous romprions le grand toit du palais, ſouleverions les plaques de plomb, et que dès que nous ſerions ſur le grand toit celle de deſcendre pour nous trouver libres dans les rues de Veniſe ſeroit mon affaire. Il me répondit qu’il étoit prêt à tout, mais que j’allois entreprendre un ouvrage impoſſible : et ici avec cent mais il me faiſoit l’énumération des impoſſibilités qui rigoureuſement n’étoient que des difficultés : je lui ai répondu que j’étois ſûr de mon fait, et que, s’il vouloit ſe ſauver avec moi, il n’avoit qu’à commencer à exécuter mes inſtructions, dont la première étoit de faire acheter par Laurent quarante à cinquante images de ſaints ſur papier, et ſous prétexte de dévotion d’en couvrir toutes les cloiſons du cachot, et avec les plus grandes le plafond ;