Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/156

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et que je ne lui dirois pas davantage, que lorsqu’il auroit exécuté cette première commiſſion. J’avois reconnu qu’il m’étoit néceſſaire d’en agir ainſi avec cet homme qui ne ſavoit faire l’habile vis à vis de moi que par des raiſonnemens, dont le fond n’étoit que timidité, et obſtacles que ſelon mon calcul il falloit brusquer ; il les mettoit en ligne de compte ; c’étoit le vrai moyen de ne ſe déterminer jamais.

J’ai ordonné à Laurent de m’acheter la nouvelle Bible qu’on avoit imprimée en grand in folio, où il y avoit outre la vulgate, et le nouveau teſtament la verſion auſſi des ſeptante. J’ai penſé à ce livre dont le grand volume me faiſoit eſpérer de pouvoir y placer mon eſponton, et de l’envoyer ainſi au moine ; mais lorsque je l’ai eu, et que j’ai eſſayé je ſuis devenu triſte, et rêveur. J’ai trouvé que le verrou avoit deux pouces de longueur plus que la Bible. Le moine m’avoit écrit que le cachot étoit déjà tout tapiſſé comme je l’avois préſcrit, et que Laurent leur avoit dit que j’avois acheté ce grand livre, et qu’ils l’avoient prié de leur en procurer la lecture à ma commodité : Effectivement il me le demanda, et je lui ai dit que pour trois