Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/162

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lui-même : ils ſe trouvoient attenans à ſes épaules, et il n’y avoit aucune raiſon qui pût lui faire détourner les yeux, et la tête pour regarder ni l’un ni l’autre de ces coins ; ils ne pouvoient l’intéreſſer en rien, et il auroit dû faire un effort ; ſon ſeul empreſſement devoit être celui de tenir ſon plat parallèle. Il partit, et je l’ai ſuivi des yeux jusqu’à ce que je l’ai vu deſcendre les marches pour entrer dans le galetas du moine : un inſtant après j’ai entendu le bruit d’un nez qui ſe mouchoit à trois repriſes ; ſignal concerté pour m’indiquer que le tout étoit parvenu à bon port. J’ai alors fini de remplir mon plat de macaroni pour moi-même, et Laurent eſt venu m’aſſurer que pas une ſeule goutte de beurre étoit tombée ſur le livre.

Le père Balbi employa huit jours à faire une ſuffiſante ouverture dans le toit de ſon cachot pour pouvoir en ſortir. Il détachoit du toit une grande eſtampe qu’il remettoit après à la même place en la colant avec de la mie de pain mâché pour empêcher que ſon travail ne fût vu.

Le huit d’Octobre il m’écrivit qu’il avoit paſſé toute la nuit à travailler dans le mur qui nous ſéparoit, et qu’il n’étoit parvenu à