Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/170

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Tel que je ſuis, il y a trois ſemaines que j’ai obſervé à Iſola, petite ville où je demeurois, une grande union entre quatre ou cinq perſonnes notables de la ville, que je connoiſſois pour mécontentes du gouvernement à cauſe d’une contrebande ſurpriſe, et confiſquée, que les principaux avoient dû expier par la priſon. Le premier chapelain de la paroiſſe né ſujet de l’impératrice étoit de ce complot, dont je me ſuis déterminé à développer le myſtère. Ces gens là s’aſſembloient le ſoir dans une chambre du cabaret où il y avoit un vieux lit, et après qu’ils avoient bu, et parlé enſemble ils s’en alloient. Je me ſuis courageuſement déterminé à me cacher ſous ce lit un jour que ſûr de n’être pas obſervé, j’ai trouvé la chambre ouverte et vuide. Vers le ſoir mes gens vinrent et parlèrent de la ville d’Iſola qu’ils diſoient n’être pas de la juridiction de Saint Marc : mais appartenante à la principauté de Trieſte, car elle ne pouvoit aucunement être regardée comme une partie de l’Iſtrie venitienne. Le chapelain dit au principal du complot qui s’appelloit P. P., que s’il vouloit ſigner un écrit, et ſi les autres vouloient en faire de même, il iroit en perſonne chez l’ambaſſadeur impé-