Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/178

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Deux jours après Laurent monta à Terza et dit à Soradaci de deſcendre, et ne l’ayant pas vu retourner j’ai cru de ne plus le revoir : j’ai écrit au moine de pourſuivre ſon travail ; mais vers la fin du jour j’ai vu Laurent qui me reconduiſoit ce méchant animal. Il me dit après le départ du gardien que le ſecrétaire le ſoupçonnoit d’avoir averti le chapelain, puisque non ſeulement il n’avoit jamais été chez l’ambaſſadeur : mais il n’avoit eu ſur lui à ſon arrivée à Veniſe ni lettre ni écriture. Il me dit qu’après cet interrogatoire dans lequel le ſecrétaire devoit être aſſuré de ſon innocence, on l’avoit mis tout ſeul dans une petite priſon où on l’avoit laiſſé ſept heures, et qu’après on l’avoit garoté pour une ſeconde fois, et on l’avoit ainſi reconduit devant le ſecrétaire, qui vouloit qu’il confeſſât d’avoir dit à quelqu’un à Iſola que le prêtre ne retourneroit plus là ; ce qu’il n’avoit pu confeſſer, car c’étoit faux. Le ſecrétaire enfin avoit ſonné, et l’avoit fait remettre avec moi.

J’ai connu ſans rien dire, et avec amertume qu’il étoit poſſible qu’on le laiſſât avec moi pour long-tems. Dans la nuit pendant qu’il dormoit, j’ai écrit au père Balbi tout