Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourroit employer pour deſcendre auſſi, car je ne voyois pas comment j’aurois pu aſſurer la corde après que je l’aurois facilement deſcendu : en m’introduiſant, et ſautant en bas, je pouvois me caſſer une jambe : je ne ſavois pas la méſure de ce ſaut trop hardi. À ce discours tout ſage, et tout prononcé avec le ton de l’amitié le moine me répondit que je n’avois qu’à le deſcendre, et qu’après j’aurois tout le tems de penſer au moyen d’aller le trouver dans l’endroit, où je l’aurois deſcendu. Je me ſuis aſſez poſſédé pour ne pas lui reprocher toute la lâcheté de cette réponſe, mais pas aſſez pour différer à le mettre hors d’embarras. J’ai d’abord défait mon paquet de cordes ; je lui ai ceint par deſſous les aiſſelles la poitrine ; je l’ai fait coucher ſur ſon ventre, et je l’ai fait deſcendre à reculon jusque ſur le petit toit de la lucarne, où me tenant à cheval du ſommet toujours maître de la corde, je lui ai dit de s’introduire par les jambes jusqu’aux hanches en ſe ſoutenant ſur ſes coudes appuyés ſur le toit de la lucarne. Je me ſuis alors gliſſé ſur la pente comme j’avois fait la première fois, et couché ſur ma poitrine, je lui ai dit d’abandonner ſon corps ſans rien craindre, car je tenois