Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/218

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fermement la corde. Lorsqu’il fut ſur le plancher du grenier, il dénoua la corde, qui le ceignoit, et la retirant à moi je l’ai méſurée, et vu que la diſtance de la lucarne au plancher étoit de dix longueurs de mon bras. C’étoit trop haut pour me risquer par un ſaut. Il me dit qu’il ſe trouvoit ſur un pavé de plaques de plomb. Le conſeil qu’il me donna de là bas, et que je n’ai pas ſuivi, fut d’y jeter les paquets de cordes. Reſté tout ſeul dans l’embarras, je me ſuis bien repenti d’avoir trop tôt cédé au mouvement d’indignation qui me pouſſa à le deſcendre.

Je ſuis retourné ſur le ſommet, et ne ſachant quel parti prendre, je me ſuis acheminé vers un endroit près d’une coupole, que je n’avois pas viſité. J’ai vu une terraſſe en plate-forme découverte, et pavée de plaques de plomb jointe à une grande lucarne fermée par deux battans de volets, et j’ai vu dans une cuve un tas de chaux vive, une truelle, et une échelle aſſez longue pour pouvoir me ſervir à deſcendre là, où étoit mon compagnon : elle m’intéreſſa uniquement. Je fus vite prendre la corde, je l’ai paſſée ſous le premier échelon, et m’étant remis à califourchon du toit, je l’ai traînée jusqu’à la lucarne. Il s’agiſſoit de l’introduire.