Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/220

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archers en la voyant, ſeroient entrés dans le même endroit, où ils m’auroient peut-être encore trouvé.

Il falloit donc introduire dans la lucarne toute l’échelle, et n’ayant perſonne, je devois me déterminer à aller moi-même jusqu’à la goutière pour élever ſon bout. Je m’y ſuis déterminé, et je me ſuis expoſé à un risque, qui ſans un ſecours extraordinaire de la providence m’auroit couté la vie. J’ai laiſſé ma corde, et j’ai pu abandonner l’échelle ſans craindre qu’elle tombe dans le canal, puisque ſon troiſième échellon la tenoit ferme à la goutière. Je me ſuis gliſſé tout doucement tenant mon eſponton à la main jusque ſur la goutière à côté de l’échelle ; j’ai placé l’eſponton ſur la goutière, et je me ſuis adroitement tourné de façon que j’avois la lucarne vis à vis, et ma main droite ſur l’échelle. La goutière de marbre faiſoit front aux pointes de mes pieds, puisque je n’étois pas debout, mais couché ſur mon ventre : dans cette poſture, j’ai eu la force de ſoulever l’échelle un demi pied, et en la pouſſant, j’ai eu la ſatisfaction de la voir entrée un bon pied : le lecteur voit que ſon poids a dû ſe diminuer de beaucoup. Il s’agiſſoit de la ſou-