Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/219

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Les difficultés, que j’ai rencontrées pour venir à bout de cette introduction, furent ſi grandes, que je me ſuis de nouveau reproché le tort, que j’ai eu de me priver du ſecours d’un compagnon, qui de gré ou de force auroit pu m’aider. J’avois traîné mon échelle jusqu’au point que ſon bout étoit à l’embouchure de la lucarne, à ſa moitié elle touchoit à la goutière, et l’autre moitié avançoit dehors. Je me ſuis gliſſé ſur le toit de la lucarne, j’ai traîné l’échelle de côté, et la tirant à moi, j’ai aſſuré la corde à l’huitième échellon ; je l’ai après pouſſée en bas, et remiſe de nouveau parallèle à la lucarne ; puis j’ai tiré à moi la corde ; mais l’échelle n’a jamais pu entrer que jusqu’au ſixième échellon : ſon bout trouvoit le toit de la lucarne, et nulle force auroit pu la faire entrer d’avantage ; il falloit abſolument l’élever à l’autre bout ; pour lors l’élévation de celui là auroit cauſé l’inclination de celui qui étoit déjà entré, et l’échelle auroit pu être entièrement introduite. J’aurois pu placer l’échelle de travers à l’embouchure, y lier ma corde, et me deſcendre en bas moi-même ſans aucun risque ; mais mon échelle ſeroit reſtée dans le même endroit, et le matin les