Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/268

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répondit qu’il n’avoit que des ennemis : il auroit dû me dire qu’ils étoient tous auſſi gueux que lui. J’avois de l’argent, mais j’ai ſu réſiſter à la tentation de lui en donner : c’étoit un ingrat, bas, vil, et inſatiable. À la fin de Mars, j’ai reçu à Paris une lettre de l’honnête doyen, qui me fit la plus grande peine. Il me diſait que le père Balbi s’étoit évadé de chez lui avec une ſervante lui enlevant une petite ſomme, une montre d’or, et douze couverts d’argent, et qu’il ne ſavoit pas, où il étoit allé. Vers la fin de l’année on m’a écrit de Veniſe qu’on l’avoit remis ſous les plombs. J’ai ſu après que d’Augsbourg, il étoit allé ſe réfugier à Coire capitale des griſons avec la ſervante, où il demanda d’être agrégé à l’égliſe des calviniſtes, et d’être reconnu comme mari légitime de la dame, qui étoit avec lui : mais lorsqu’on ſut qu’il ne ſavoit rien faire pour ſoutenir ſa vie, on n’a pas voulu de lui. Lorsqu’il n’eut plus d’argent, la ſervante qu’il avoit trompée, l’a quitté après l’avoir battu pluſieurs fois. Le père Balbi alors ne ſachant pas où aller, ni comment faire pour vivre, prit le parti d’aller à Breſſe ville appartenant à la république, où il ſe préſenta