Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/91

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un jour, ni dans une ſemaine ; je prévoyois que le fort plancher pouvoit être double, et triple, et m’occuper un, et deux mois, et que par conſéquent il falloit chercher un moyen d’empêcher les archers de balayer le cachot par tout ce tems, ce qui auroit pu leur donner des ſoupçons, d’autant plus que pour me délivrer des puces j’avois exigé qu’ils balayaſſent tous les jours : ils auroient trouvé le trou avec le balai ; et j’avois beſoin de la plus grande certitude que ce malheur ne m’arriveroit pas. Nous étions dans l’hiver, et je n’avois pas le tourment des puces. J’ai d’abord commencé à ordonner qu’on ne balaye pas, ſans alléguer aucune raiſon. Quelques jours après Laurent me demanda pourquoi je ne voulois pas qu’on balayât, et je lui ai répondu que c’étoit, parceque la pouſſière qu’on agitoit m’alloit au poumon, me cauſoit la toux, et pouvoit me cauſer des tubercules mortels : nous jetterons, dit-il, de l’eau ſur le plancher. Point du tout, lui dis-je, car l’humidité peut produire la pléthore : il ſe tut. Mais une ſemaine après, il ne me demanda pas la permiſſion de faire balayer ; il ordonna : il fit même porter dehors le lit, et ſous prétexte de faire nettoyer par tout il alluma