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Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/181

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Que le séjour de l’homme est divin quand la nuit
De la vie orageuse étouffe ainsi le bruit !
Ce sommeil qui d’en haut tombe avec la rosée
Et ralentit le cours de la vie épuisée
Semble planer aussi sur tous les éléments
Et de tout ce qui vit calmer les battements.
Un silence pieux s’étend sur la nature
Le fleuve a son éclat, mais n’a plus son murmure,
Les chemins sont déserts, les chaumières sans voix.
Nulle feuille ne tremble à la voûte des bois
Et la mer elle-même expirant sur sa rive
Roule à peine à la plage une lame plaintive :
On dirait en voyant ce monde sans échos
Où l’oreille jouit d’un magique repos,
Où tout est majesté, crépuscule, silence
Et dont le regard seul atteste l’existence,
Que l’on contemple en songe à travers le passé
Le fantôme d’un monde où la vie a cessé !
Seulement dans les troncs des pins aux larges cimes
Dont les groupes épars croissent sur ces abîmes,
L’haleine de la nuit qui se brise parfois,
Répand de loin en loin d’harmonieuses voix,
Comme pour attester dans leurs cimes sonores
Que ce monde assoupi palpite et vit encore. »



Au milieu du jardin, à l’endroit même