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Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/219

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Le voyez-vous, là-bas, branlant une tête décrépite, ivre du vin de tous les crimes, et cheminant à travers le siècle en écorchant, à chaque pas, ses membres chancelants sur les débris des croix et des sceptres ?

Entendez-vous au sein de la nuit, sa voix qui tinte comme un glas funèbre, bavant d’une lèvre édentée le blasphème et le sarcasme : Ils ne sont plus, s’écrie-t-il,

« Ils ne sont plus ses jours, où d’un siècle barbare
Naquit un siècle d’or, plus fertile et plus beau !
Où le vieil univers fendit avec Lazare
De son front rajeuni la pierre du tombeau !
Ils ne sont plus ces jours où nos vieilles romances
Ouvraient leurs ailes d’or vers leur monde enchanté !
Où tous nos monuments et toutes nos croyances
Portaient le manteau blanc de leur virginité !
Où le palais du prince et la maison du prêtre,
Portant la même croix sur leur front radieux,
Sortaient de la montagne en regardant les cieux !
Où Cologne et Strasbourg, Notre-Dame et Saint-Pierre,