Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/220

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S’agenouillant au loin, dans leurs robes de pierre,
Sur l’orgue universel des peuples prosternés
Entonnaient l’hosanna des siècles nouveau-nés !
Le temps où se faisait tout ce qu’a dit l’histoire,
Où sur les saints autels, les crucifix d’ivoire
Ouvraient des bras sans tache et blancs comme le lait,
Où la vie était jeune, où la mort espérait !


Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire
Voltige-t-il encore sur tes os décharnés ?
Ton siècle était, dit-on, trop jeune pour te lire ;
Le nôtre doit te plaire et tes hommes sont nés.
Il est tombé sur nous cet édifice immense
Que de tes larges mains tu sapais nuit et jour.
La mort devait t’attendre avec impatience
Pendant quatre-vingts ans que tu lui fis la cour.

Ne quittes-tu jamais ta demeure infernale

Pour t’en aller tout seul promener ton front pâle
Dans un cloître désert ou dans un vieux château ?
Que te disent alors tous ces grands corps sans vie ?
Ces murs silencieux, ces autels désolés,
Que pour l’éternité ton souffle a dépeuplé ?