Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/228

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Vers le nord, quelques flocons de vapeur blanche et légère flottaient encore entre le ciel et les eaux, et se dessinaient sur le bleu foncé des Laurentides, d’une manière si gracieuse et si fantastique qu’on eût dit la mantille oubliée de quelque divinité du fleuve surprise tout à coup, au milieu de ses enchantements, par les rayons indiscrets du jour.

Agitées par la brise matinale qui descendait, avec le jour, des montagnes, les vagues secouaient, comme un troupeau, leur blanche toison, et résonnaient, comme des gazouillements d’oiseaux, autour des flancs du vapeur qui, favorisé par la marée, remontait le fleuve avec une étonnante rapidité.

Quelques bandes de canards et de sarcelles s’éveillaient à son approche et rasaient la cime des vagues, où l’on apercevait de fois à autres le dos argenté des marsouins qui venaient respirer à leur