Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/266

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— jamais je ne vous aurais cru capable d’une telle faiblesse.

Ce prétendu fantôme n’a-t-il pas une cause toute naturelle ?

— Madame, répondit le chasseur d’un ton grave, avez-vous pu croire un instant que cette apparition n’était que le reflet de la chute à travers l’ombre ?

Croyez-vous qu’à la distance où nous étions, cette nappe d’eau pouvait être visible par une nuit aussi noire ?

Ah ! fiez-vous à l’expérience d’un vieux coureur de bois à qui la solitude et le désert ont appris une science qui ne se trouve pas dans les livres.

Depuis tantôt vingt ans que je mène la vie des bois, j’ai dû acquérir quelque connaissance des phénomènes de la nature.

Il n’est pas un bruit des eaux, des vents ou des animaux sauvages qui me soit inconnu ; — les mille voix du désert