Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/334

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cadavre de son fidèle ami, comme si la douleur eût pétrifié tous ses membres.

Les premiers rayons du soleil levant, qui tombaient alors sur la figure de l’Indien, et l’illuminaient d’une auréole d’opale, dissimulaient pour un instant l’horrible fixité du regard qu’imprime la dernière agonie.

Et ce dernier reflet de ses yeux semblait lui dire un adieu suprême.



S’arrachant enfin de sa léthargie, le Canotier se baissa lentement sur le cadavre de celui qu’il avait tant aimé, et qui avait partagé, pendant tant d’années, toutes ses joies et toutes ses tristesses, tous ses triomphes et tous ses périls, — et le soulevant doucement entre ses bras, dans l’ivresse de son désespoir, il le pressa sur sa poitrine, comme s’il eût