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Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/362

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Dieu seul connaît les tourments inouïs qu’ils nous firent souffrir durant cet interminable trajet.

Les courroies, composées d’écorces très-dures, qui liaient nos membres étaient si serrées que nos pieds et nos mains en devenaient tout bleus.

De temps en temps, ils se donnaient le féroce plaisir de les arroser d’eau, afin d’augmenter nos souffrances.

Alors les liens se resserrant de plus en plus, nos douleurs devenaient intolérables.

Je ne cessais de pousser de lamentables gémissements qui déchiraient l’âme de ma pauvre mère.

Quant à elle, insensible à ses propres tourments, elle n’avait de larmes que pour moi.

Hélas ! quel supplice pour le cœur d’une mère ? sentir son enfant près de soi, voir couler ses pleurs, entendre ses douloureuses plaintes, le voir se tordre