Page:Castagnary - Exposition du boulevard des Capucines - Journal le Siècle, 1874-04-29.djvu/6

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osât parler en sa faveur !

Voyons donc un peu ce que nous annoncent de si monstrueux, de si subversif de l’ordre social, ces terribles révolutionnaires.

Sur les cendres de Cabanel et de Gérôme, je le jure, il y a ici du talent, et beaucoup de talent. Cette jeunesse a une façon de comprendre la nature qui n’a rien d’ennuyeux ni de banal. C’est vif, c’est preste, c’est léger ; c’est ravissant. Quelle intelligence rapide de l’objet et quelle facture amusante ! C’est sommaire, il est vrai, mais combien les indications sont justes !

M. Pissarro, lui, est sobre et fort. Son œil synthétique embrasse l’ensemble d’un trait. Il a le tort grave de peindre sur ses terrains (Gelée blanche) les ombres portées qu’y projettent des arbres placés hors du cadre, et que par conséquent le spectateur est réduit à supposer, ne pouvant les voir. Il a un penchant déplorable pour les terres maraîchères (le Verger), et ne recule devant aucune représentation de choux ni de légumes domestiques. Mais ces fautes de logique ou ces vulgarités de goût n’altèrent pas ses belles qualités d’exécutant. Dans sa Matinée du mois de juin, on est obligé de louer sans réserve la force qui a groupé les éléments divers du paysage et l’exécution savante qui en a disposé les masses harmonieuses.