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Page:Castel - La Forêt de Fontainebleau, Deterville, 1805.pdf/24

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DE FONTAINEBLEAU.

Si-tôt que le froment a vu sa fleur éclore[1],
Invoquer à genoux le père des humains,
Et lui recommander les épis incertains.
Tant ils pensent qu’autour de ce pieux asyle
La prière est plus forte et le ciel plus facile !

O nuit mélancolique ! ineffables momens
Où seul et recueilli parmices monumens,
Aux rayons de la lune errans sur leurs décombres,
Je crus de mes amis reconnoître les ombres !
Je leur tendois les bras, et je sentois mes yeux
S’emplir en les voyant de pleurs délicieux.
Sur les rochers bientôt je m’élance après elles,
Et les suivant de l’œil aux voûtes éternelles,
Il me sembloit aussi m’élever sans efforts ;
Je voyois s’agrandir tous les célestes corps ;
J’admirois de Vénus les cimes lumineuses,
Et Jupiter grondant sous ses vagues fougueuses[2] ;
J’osois du froid Saturne aborder les anneaux,
Voler de sphère en sphère à des astres nouveaux,

  1. Le mardi de la Pentecôte.
  2. Les vastes reflux des mers de Jupiter.