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VI
TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

une situation régulière, comme ministre de la parole de Dieu, car on l’estimait « fort propre à servir en l’Église. »

Mais Calvin, chargé de faire rapport sur cette candidature, estima que tout « savant homme » qu’était Castellion, il était préférable de l’écarter du ministère, à cause de certaines « opinions » qu’il mettait en avant. Ces « opinions » étaient des doutes sur l’inspiration du « livre de Salomon » (Cantique des Cantiques) et sur l’article du Symbole des apôtres, relatif à la descente du Christ aux Enfers.

Calvin craignait que Castellion n’ébranlât par ses « opinions » l’autorité des saintes Écritures, que les Ordonnances ecclésiastiques proclamaient la règle de la vie religieuse, politique et sociale de la Cité. Castellion demanda et reçut, de la Compagnie des ministres une attestation honorable pour lui, indiquant quels motifs avaient empêché son admission au ministère de la Parole.

Calvin, qu’inquiétaient l’esprit d’indépendance et les fantaisies individuelles de Castellion, éprouvait cependant pour lui une vive compassion et le recommandait à Viret, à Lausanne. Mais une malheureuse et malencontreuse sortie de Castellion au service dit de la « congrégation, » le 30 mai 1544, vint gâter les choses. Sans tenir aucun compte des efforts énergiques de Calvin pour réorganiser l’Église de Genève et recruter un ministère ecclésiastique composé d’hommes croyants et moraux, Castellion, généralisant certains faits regrettables, dénonça publiquement les ministres de Genève dans leur ensemble comme des hommes indignes et d’une inconduite