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IX
PRÉFACE

que le « Traité des Hérétiques » était une œuvre collective, le produit d’une collaboration des réfugiés italiens et français de Bâle, mais que le principal rédacteur était bien Castellion. Certains témoignages, celui de Bèze, en particulier, semblent confirmer cette hypothèse en indiquant comme collaborateurs de Castellion, Curione, Cellarius, professeur à l'Université de Bâle, peut-être aussi Lelio Socin. Quoiqu’il en soit, les noms de Martin Bellie et de Basile Montfort masquent celui de Sébastien Castellion.

Le beau plaidoyer de Castellion fit une très grande impression, il émut la conscience des protestants, il posa nettement devant la chrétienté la question de la légitimité de la punition des hérétiques par le magistrat civil et politique. Bèze dut se charger de répondre à Castellion ; il le fit en septembre (1554) par son De hæreticis a civili magistratu puniendis libellus, adversus Martini Bellii farraginem et novorum Academicorum sectam, que N. Colladon traduisit plus tard en français.

Une guerre de plume et de doctrine était allumée entre Bâle et Genève. Les Genevois dénonçaient Bâle comme le foyer d’une nouvelle et dangereuse hérésie, le Bellianisme et la controverse sur la punition des hérétiques se compliqua d’une controverse sur les versions bibliques. La publication par Castellion de sa Bible française (1555), très moderne de style et d’allure, quatre ans après sa Bible latine, fut l’occasion d’une nouvelle et peu édifiante polémique. Enfin Castellion mit le comble à l’exaspération des théologiens de Genève en attaquant vivement la doctrine de la prédestination, si chère à Calvin.