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Page:Castellion - Traité des hérétiques.pdf/33

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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

enfant, qu’un adolescent. Mais je n’ose violer ma conscience, de peur que je n’offense Christ, lequel a défendu par S. Paul son serviteur, que je ne fasse rien, de quoi je sois en doute s’il est bien fait ou non. Car il me faut être sauvé par ma propre foi, et non par celle d’autrui. Je te demande, si Christ, qui est le juge de tous, était présent, s’il commanderait qu’un tel homme fût mis à mort ? Je ne le pense pas, mêmement si tu proposes devant tes yeux la vie et la nature de Christ, lequel certainement n’a jamais rien commandé, ni fait telles choses, mais totalement le contraire. Si Christ donc ne le faisait point, les autres, qui ont quelque puissance de lui, ne le doivent pas faire, de peur que finablement ne leur soit reproché, et à bon droit, ce qu’on dit en commun proverbe : Tu es serviteur du Diable, tu as plus fait qu’il ne t’était commandé : ou plutôt : Tu as fait contre ce qui t’avait été commandé. Car si Dieu a puni tant rigoureusement Saül, pour autant qu’il n’avait occi celui, que Dieu avait commandé être occi : combien plus grièvement punira-t-il ceux, qui mettent à mort ceux-là, lesquels Dieu avait défendu d’être occis, comme ainsi soit mêmement, qu’il est beaucoup plus enclin à miséricorde qu’à ire !

Et ce que j’ai dit du Baptême, je veux qu’il soit entendu des autres passages de la Religion, qui sont en dispute, là où quelqu’un croyant en Dieu, et en Jésuchrist son fils, et lui servant selon sa conscience, erre en quelque chose ignoramment, ou même nous semble qu’il erre. Car certainement quand je considère les mœurs de Christ, et sa