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Page:Castellion - Traité des hérétiques.pdf/32

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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

en toutes choses : mais ce que vous dites, qu’il viendra sur un chariot, je ne le crois point : mais je crois qu’il viendra à cheval. Item ce que vous dites, qu’il est vêtu de rouge, je ne le crois pas, mais je crois qu’il est vêtu de blanc. Et ce qu’il a commandé, que nous nous lavions en ce fleuve, je crois qu’il faut faire cela après-midi, et vous devant midi. Si je pensais qu’il voulût que je me lavasse devant midi, je le ferais, mais je crains de l’offenser, et pourtant veux-je faire selon ma conscience.

Je te demande, ô Prince, voudrais-tu condamner un tel tien citoyen ? Je ne le pense point. Et si tu étais présent, tu louerais plutôt la simplicité et obéissance de cet homme-là, que tu ne condamnerais l’ignorance. Et si les autres le mettaient à mort, certainement tu les punirais.

Or prends ce cas ainsi. Il y a quelque citoyen de Christ, lequel parle de lui en cette manière : Je crois en Dieu le père et en Jesuchrist son fils, et veux vivre selon ses commandements, qui sont contenus en la sainte Ecriture. Mais ce qu’il a commandé que soyons baptisés, je crois que cela se doit faire le huitième jour après la nativité de l’enfant, d’autant qu’on faisait ainsi en la circoncision. Estimes-tu, qu’un tel homme doive être mis à mort pour cela ? Je ne le pense point.

Et s’il dit ainsi : Je crois qu’un homme ne doit point être baptisé, que premièrement il ne sache rendre raison de sa foi, et si je croyais qu’il fût autrement, je voudrais faire autrement, car cela ne me serait point plus difficile de baptiser un petit