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les quatre fils aymon

parmi ceux qui proposèrent de faire reconnaître Gondovald comme un des héritiers de Clotaire. Mais une fois l’affaire engagée, Gonthramn Bose revient à ses instincts de barbare, trahit le prétendant, vole ses trésors, sans pouvoir regagner d’ailleurs la confiance du roi Gonthramn, finissant par être condamné comme traître, et par mourir dans des circonstances que l’on ne pouvait oublier ; quand il sortit de la maison où il s’était réfugié et où l’on avait mis le feu, il fut percé de tant de lances qu’elles le soutenaient debout après sa mort[1].

Pour le peuple, pour les Austrasiens surtout qui n’aimaient pas le roi Gonthramn et qui ne pouvaient démêler les contradictions de Gonthramn-Bose, il était le principal ami de Gondovald que beaucoup croyaient, et peut-être avec raison, de race royale. Or il n’avait eu aucune part à la trahison où avait péri le prétendant. Il était allé à Constantinople, ce qui le rehaussait aux yeux des barbares, et il était mort pour avoir machiné le complot qui devait faire de Gondovald un roi. La faveur populaire demeurait fidèle à l’ambitieux sans scrupule, lui pardonnait ses crimes et ses vices.

L’on a vu aux prises, dans un entretien que nous avons cité, le roi Gonthramn et son homonyme, le leude infidèle, et l’on admettra sans doute que le roi parle du Mauvais en termes fort semblables à ceux que dicte à Charles sa haine pour le « larron faé ».

Dans le manuscrit La Vallière, Maugis n’est nommé et n’intervient dans l’action qu’au moment où les Fils Aymon vont passer la Loire et se retirer dans le Midi. Les autres versions nous la présentent avant le départ pour les Ardennes, mais son concours habituel n’est donné à ses cousins que du jour où ils sont entrés en Gascogne. Or, pour peu que l’on ait étudié le poème, on sent très bien que le personnage de Maugis en fait étroitement partie. Son absence, au commencement, dans

  1. Gregor. Turon. IX, 10 : Tunc miserrimus, cum videret se flammis validis ab utraque parte vallari, accinctus gladio accedit ad ostium. Verum ubi primum limen domus egrediens gressum foris fixit, statim unus e populo, ejecta lancea, frontem ejus inlisit. At ille hoc ictu turbatus, quasi amens, gladium ejicere tentans, ab adstantibus ita lancearum multitudine sauciatur, ut, defixis in lateribus ejus spiculis et sustentantibus hastilibus, ad terram ruere non posset.