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les quatre fils aymon

avaient désigné trois champions. Dans cette version incomplète et mal conservée du pèlerinage de Renaud apparaît l’idée de transformer en un représentant de la chrétienté en Orient le héros de l’opiniâtre guerre soutenue par les Fils Aymon contre Charlemagne, et ainsi le lecteur était préparé à la légende pieuse où Renaud recevra la couronne du martyre.

VII. Manuscrit de la Bibliothèque de Venise, CIV. 3. 16.

C’est un in-folio sur parchemin de 100 feuillets, écrit vers la fin du XIVme siècle. Il y a deux colonnes à la page qui est réglée à 44 lignes. Il manque plusieurs feuillets à la fin. Je le connais uniquement par la communication obligeante que M. Rajna m’a faite des notes et des extraits qu’il avait pris en le lisant. On peut le désigner par la lettre V[1].

Charles, au commencement du Beuves d’Aigremont, reproche à Beuves d’avoir refusé de le servir dans une guerre en Espagne. Le premier messager est Lohier. Un second messager Enguerrand, est envoyé sur le conseil de Richard de Normandie. Dans la version de l’Arsenal, ce second messager est dit Othes, et c’est Salomon de Bretagne qui conseille de l’envoyer. Dans la version de Peter-House, ce messager est également Othes, mais l’auteur de la proposition est Ganelon.

Après la mort de Beuves, la guerre éclate entre Charles et les frères du duc d’Aigremont. Quand Aymes et ses fils rentrent à Dordonne, Renaud déclare qu’il vengera un jour la mort de son oncle. Quand Aymes et Girard de Roussillon sont revenus à la cour, la duchesse obtient difficilement de ses fils qu’ils aillent rendre hommage à l’empereur. Ils ont toujours sur le cœur la mort de Beuves. À Paris, ils trouvèrent leur cousin Maugis. Renaud demande à l’empereur qu’il les arme chevaliers. Après la cérémonie, a lieu une quintaine dans les prés de Saint-Germain, et les faits se déroulent d’une façon assez semblable à ce que l’on a dans la version B C de Paris. Après le combat qui suit la mort du neveu de l’empereur, Renaud s’enfuit avec ses frères, Maugis et Vivien ; les frères de Renaud sont faits prisonniers et jetés dans une chartre, d’où Maugis vient les tirer. Dans l’Ardenne, il y a quelques diffé-

  1. L’on trouvera quelques extraits de ce manuscrit dans la « note sur deux manuscrits des Fils Aymon », R. des L. R., 1887, p. 54 sq.