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les quatre fils aymon

Tous jours vous a esté et humbles et courtois ;
Oncques mal ne vous voult, bien y parut au bois
Ou l’autr’ier vous trouva endormant sus l’erboi.

Charles s’obstine.

Je ne m’en partiray ne de l’an ne des mois,
Ainchois les penderay, telx sera mes otrois.
Par foi, ce dist Rolant, Olivier, je m’en vois.
Oncle, demeurez là, que par la sainte crois,
A Tremongne m’en vois, et entendez ma vois :
Je vous forjureray d’ayde a ceste fois.
Rollant, ce dist Ogier, autels est mis otrois.
Par Dieu, s’a dit Naymon, n’y resteray des mois.
Quant Karles les a veu, si mua ses conrois.
Karles a entendu les prince et li baron,
Lors commenche penser sa main a son menton.
Adonc li remembra de son advision
Que Regnaut [li donna] la couronne de nom,
Et comment le gard [a] encontre Guenelon.

Il rappelle ses chevaliers et impose ses conditions :

La duchesse sera servie en ma maison,
Et il me rendera Tremognie en mon bandon,
Et Baiart le destrier qui tant cuert de randon ;
Et de ceste paix scy Maugis exeteron.

Olivier réclame, mais Naymes dit que Maugis guerroiera bien à lui seul contre Charles, et qu’il ne faut pas renoncer à la paix pour un cheval.

F° 68. On écrit la lettre à Renaud. Ganelon est irrité et demande à ses amis de se jeter sur Renaud qui viendra devant Charles « sans armure adossée » et de le tuer. Mais un écuyer les entend et les dénonce au roi. Olivier et Roland s’emportent. Roland demande à son oncle s’il ne s’entend pas avec le traître. Charles répond :

Va, glous, ce dist le roi, tu soies confondus,
Oncques ne le pensay.

Roland et les Pairs, d’accord avec le roi, se chargent d’escorter Renaud. Un espion avertit Ganelon :

Moult sont lié li baron que Karle l’acorda
Et d’aydier Regnaut chascun grant talent a,