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les quatre fils aymon

demande, il est porté à l’Hôtel-Dieu. Son état empire, et son voisinage devient si intolérable que le médecin (maistre) et les dames offrent au bourgeois de lui rendre l’argent pour qu’il reprenne Renaud. On construit pour lui une maisonnette dans la cour de l’hôpital : on lui jetait à manger par une fenestrelle. Renaud prie Dieu de lui permettre d’accomplir son voyage.

F° 75. On revient à Maugis. Il rencontre Bayard dans la forêt et trouve à terre le chanfrain. La vue du coursier lui rappelle Oriande :

Car vous estes faés, ce vous tiens ferme et sain,
Ce me dist Oriande qui fu compengne Ydain.

Rentré chez lui, il s’endort, mais Bayard vient, pendant la nuit, frapper à sa porte. Maugis, croyant que ce soient voleurs, n’ouvre pas et leur dit qu’il a assez volé pour son compte : « Peu savez du mestier, par le cors saint Linart. » Mais Bayard enfonce la porte. Maugis lui met le frein et le monte, pour aller se confesser à l’ermite son voisin.

Le destrier mene joye et henist haut et cler.
Baiart se met au cours tant que puet randonner.
Maugis tira son frain qui le cuide arester,
Mais tant plus fort le tire et plus le fait aler.
Sus une haulte roche l’a fait adonc monter.
Ay, dist il, Baiart, ou voules vous aler ?
Vous me haez, je croi, si vous voules vengier
Pour ce que plus ne veulx mener guerre n’enbler ;
Car de mal lieu venistes, de l’entrée d’enfer.
Par le sens de Baudry, vous alay conquester,
Qui m’aprist mont de choses dont je le doi amer,
F° 75. verso.Mais il m’y oublia le plus fort a montrer,
Comment par nigremance on areste .i. destrier.

Maugis veut retenir Bayard, mais une voix l’avertit :

Maugis, laisse Baiart aller où il vouldra.
Jhesu le te fait dire qui Renaut tant ama
Qui gist malade a Acre : droit là [te] portera.
A l’ayüe de Dieu par toy guary serra.
Ce sera li enniaux qu’a leups conbatera
Qui ravisent la foy que Jhesus estora.