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les quatre fils aymon

Maugis obéit, va à son castel de Malaquis où il conte l’affaire à Richier de Hurepois, prend un noble habit, de l’or et de l’argent. Il arrive à Rome, Un valet ivre le plaisante et veut tenir l’étrier doré. Bayard le tue d’un coup de pied. Maugis sort de Rome et s’endort sur Bayard. Pendant son sommeil, un nuage le transporte avec son cheval « oultre mer »,

A .xii. lieues d’Acre, là ou regne Languy,
En ung païs desert et forment agasty[1].

Fos 76-78. — C’est le roi Robastre qui tient Jérusalem et la Syrie qui a tout ruiné. Maugis rencontre un écuyer qui lui dit où il est et lui conseille de venir à une abbaye voisine fondée par son seigneur, Hues de Montbendel, « Et Richier le sien filz a la terre en baillie ». Maugis soutient qu’il est en « Romenie » puisqu’il était « orains a Rome la garnie ». L’écuyer répond courtoisement : « Vous avez donc bien tost passé mer sans navie ». Maugis est reçu à l’abbaye, mais à peine endormi il doit se lever pour aller maîtriser Bayard qui à l’écurie démolissait tout, blessait et tuait les moines. Maugis part sur son coursier, maudit par les religieux. Il voudrait aller au palais du roi Richier, mais Bayard s’y refuse, car il veut retrouver Renaud. Il va donc d’abord chez le bourgeois, puis au marbre où Renaud s’était couché et de ses pieds il le brise en morceaux. Il entre à l’Hôtel-Dieu. Les malades épouvantés se lèvent. Le destrier va au lit où Renaud s’était couché, puis reprend sa course et s’arrête à la loge où est Renaud. Il hennit si fort que toute la ville l’entend. Renaud s’éveille, et d’abord ni lui ni son cousin ne se reconnaissent. Quand Maugis sait que ce malade est Renaud, il s’empresse de broyer dans du vin une herbe

Que Baudrys li donna, gardé l’ot maint termine
Pour l’amour Oriande la fée et la roynne.

Renaud est guéri, dès que le remède est appliqué :

Apres lui chut la reupe et du corps et du vis,
Aussi net demoura c’oncque fu parisis.

  1. Faut-il penser ici au voyage rapide que Renaud et Richardet font de l’Égypte à Roncevaux, grâce aux démons serviteurs de Maugis ? (V. Morgante Maggiore, XXV-XXVI.)