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les quatre fils aymon

Je ne t’en puis plus dire, aler m’en fault brievment.
Et quant Regnault l’oït, ses mains vers le ciel tent ;
25.Cuida ce fust un angle du trosne qui resplent.
Père poissant, dist-il, mon corps graces vous rent ;
De ce que vous m’envoyez, vous mercy humblement.
Lors a prins a mengier et si but liement.
F° 88 vo BQuant il fu repeüs, si que bon li sanbla,
30.Le remenant lait coy la ou il le trouva,
Puis rent graces a Dieux qui le monde crea.
A Blanchart est venus et bien le resengla,
Et quant perchut le jour, sus le destrier monta.
Quatre fois s’est sengniez et par le bois s’en va.
35.Quant Savaris le voit, de l’arbre s’avala,
Le flacon, la touaille avueuc lui emporta ;
A ses compengnons vient et tout leur raconta
RPar confaite mengnere Regnault mengier fait a.
Tout chascun des barons grant joye en demena.

Ils suivent Renaud. Celui-ci sort enfin de la forêt vers l’heure de midi.

Il voit Jérusalem à moins d’une lieue. Il s’agenouille et demande à Dieu de lui donner de convertir le roi Robastre et son fils Durendal et leur peuple ou de les tuer.

Il baise la terre, puis sa main et se signe de celle-ci. Il se dirige vers Jérusalem.

F° 89 ro A— Regnault le fils Aymon a la chiere hardie
Issi de la forest qui fu verde et fuellie.
Iherusalem choisi la cité battellie.
Adonc s’est arrestés pres a une huchie
Pour lui a reposer ; s’a l’espée sachie,
Pour Blanchart son destrier a de l’erbe fauchie,
Puis se tient la tous cois, la chité avisie.
Enssi que la estoit sus l’erbe qui verdie,
[Il] voit un Sarrasin qui illeuc s’esbennie.

C’est le roi Malaquins qui possédait une grande terre et qui était venu « voler en ycelle partie ». Il ramenait son butin. Il aperçoit Renaud et le prend pour Richier, le roi d’Acre.