que celle ou celles dont s’est inspiré l’auteur de L. Les interpolations et les contradictions que l’on a relevées dans ce texte, prouveraient à elles seules que l’on n’a pas affaire à une première rédaction.
C’est dans L que le Beuves d’Aigremont est d’aspect le plus archaïque. C’est aussi la partie qui a été la plus retouchée et remaniée dans la pensée de la faire mieux concorder avec ce qui suit. Je crois que le messager Enguerrand tout comme Lohier (ou Looïs) appartient à la forme primitive du poème et je vois en eux la trace du souvenir de la mort de Théodebert et de Chlodowig. Enguerrand représente, dans cette hypothèse, Théodebert dont la mort fut imputée à Gonthramn Boso qui aurait pu être confondu avec Bob, le meurtrier de Chlodowig. Mais, dans sa fonction de messager, Enguerrand devenait inutile et il était destiné à disparaître dans les versions successives.
En laissant de côté le Beuves d’Aigremont qui a eu son évolution distincte, on voit que l’on a d’une part la version de L et d’autre part la version commune à B, C, V, celle-ci ayant pour caractères à elle propres : 1° l’emprisonnement des frères de Renaud ; 2° les Ardennes ; 3° l’amplification de la course à Paris ; 4° une version particulière en plusieurs points pour l’entrée de Charles en Gascogne : Monbendel pris de force, l’épisode de la chasse, en partie la trahison ; 5° une version complètement indépendante à partir du moment où Maugis laisse Charlemagne endormi entre les mains des Fils Aymon, jusqu’à la légende pieuse de la fin.
Entre L et B, C, V, l’on a un texte intermédiaire avec l’Arsenal et Peter-House.
Le texte de M est conforme à peu près partout à celui de L (moins le Beuves d’Aigremont et la délibération des barons du roi Ys qui est empruntée à la version B, C), jusqu’au pèlerinage de Renaud où après un court contact avec B C, la narration suit une marche indépendante.
Il est à noter qu’aucun des manuscrits qui donnent la version B C en entier ou en partie, n’est vraiment bon : la comparaison des textes fait constater dans tous non seulement des lacunes, mais des altérations. Ces défectuosités résultent probablement de ce qu’elle a été très populaire, souvent