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les quatre fils aymon

copiée, souvent retouchée. Il est possible que dans son état primitif elle ait eu une valeur littéraire égale à celle du manuscrit La Vallière.

Dans ces divers manuscrits, la partie commune à tous (IIIe partie de l’édition Michelant) qui a été le plus respectée ou épargnée par les remanieurs, va dans l’édition Michelant de la page 175 à la page 331 (Vaucouleurs et la suite jusqu’au départ de Maugis pour la solitude). Elle est assonancée, comme l’avait fait remarquer Gaston Paris. La partie précédente, la seconde dans l’édition Michelant (p. 136-174) présente des différences notables entre les deux versions principales. Elle est néanmoins assonancée dans B C comme dans L.

M. Leo Jordan, reprenant une question déjà étudiée par M. Zwick, distingue nettement entre les assonances de la partie II et les assonances de la partie III, reconnaissant à celles-ci une antiquité plus grande, ce qui le mène à conclure que le cœur du poème fut d’abord cette partie III, allégée, bien entendu, de celles des assonances qu’il juge plus récentes[1]. Si l’on se plaçait à ce point de vue, il conviendrait d’étudier également le texte de la partie II dans la version de B C qui est très distincte ici de la version L. Mais de ce qu’une partie du poème est demeurée en assonances, il ne me paraît pas résulter immédiatement que pour le fond (je ne dis pas pour la forme de la rédaction) d’autres parties ne soient pas également fort anciennes. Le Beuves d’Aigremont est tout aussi archaïque pour le fond qu’aucun fragment épique, mais il a passé de l’assonance à la rime, et quand l’on a, comme les diascévastes antiques, rassemblé et copié les parties du poème, l’on a préféré la version rimée, à supposer que la version assonancée eût survécu dans la mémoire des trouvères.

L’on a vu comment j’ai tâché d’expliquer, en remontant à des faits historiques, la constitution du poème. Entre les souvenirs du meurtre de Chlodowig, des malheurs de Merowig et de la triste destinée de Gondovald, a été intercalée une partie dérivant de l’histoire de Charles Martel : les Ardennes, la guerre contre les Sarrasins[2]. L’imagination des trouvères,

  1. L. l. p. 41.
  2. M. Leo Jordan note que « la figure du Maire du Palais Raginfrid est