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les quatre fils aymon

17735Et quant Aymons lo voit, si se reva seïr,[1]
Car lo bras et lo branc vit à terre gissir,
Car bien voit et entent, Rohars est au partir.[2]

Aymons si s’est asis que n’i a nule garde.
Et Yvons s’escria qui vers Rohart regarde :
17740« Traïstres, [ce] dist il, la flamme male t’arde ![3]
Renoier te covient, si ait Dex de moi garde,
Renaus ne traï home qui fust en nule garde ;
O ja morras, par Dex, que ta mors molt me tarde. »
Donc lo prist par lo hiaume, de grant cols l’entrelarde,
17745Et Rohars brait et crie qu’il cuide que l’en l’arde.[4]
Damedex reclama, qui lo met[e] en [sa] garde.[5]
Quant Costans l’oï braire, de pitié lo resgarde,
Mais aidier ne li puet, si fait chiere coarde.

Rohars est antrepris, ne set que faire puisse,
17750Et Yvons lo debat, du mot dire l’anguisse,[6]
Mais il nel deïst mie por home que il tru[i]sse,[7]
Et Yvons lo fiert si qu’il li tranche la cuisse.
Aymons li escria que trestot le debrisse :
« Diva, malvais traïstres, fier lo bien et à juisse ;
17755Qu’il ne dira lo mot por trestot l’or de Pise. »

    chantent et que « De froidor en chalor est li temps remué, » Renaud se décide à aller en autre terre. Il quitte le bois et « Va par le païs à loi d’ome esgaré. » Il a oui parler de Cologne où l’on élève une église consacrée à saint Pierre. Il s’y rend et offre ses services au Maître. — Le reste, jusqu’à la mort de Renaud, a été donné dans la première partie de l’Introduction. Dans la description en appendice des mss. d’Oxford, à propos du ms. Douce, l’on a la fin jusqu’à la Mort de Maugis qui dans C achève l’histoire des Fils Aymon. — La partie ici analysée comprend seulement 152 vers. Dans B (édition Michelant, p. 439, 6, p. 446, 7) l’on a 268 vers. Le texte de B, en cette partie, diffère peu de celui de L, tandis que C s’en écarte complètement. Il forme donc pour la fin une sous-famille avec le ms. Douce. Le ms. C, qui pour le Maugis est supérieur à P, est très irrégulier dans les Fils Aymon. Cf. note à v. 4532.

  1. 17735 A si rest alé seïr. B asseoir s’en ala.
  2. 17737 A Car bien voit que Rohars ne porra plus soffrir. Malgré la banalité de la formule voit et entent, le vieux texte est de beaucoup le plus expressif.
  3. 17740 L fe. B targe.
  4. 17745 B le treslarde.
  5. 17746 L le. B se.
  6. 17750 Le mot qu’Yonnet exige cruellement, est l’aveu du mensonge.
  7. 17751 L truse. B truise. — B abrège et altère.