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puis A B, en troisième lieu P, enfin le long remaniement de C, médiocrement conservé. Dans A B, Renaud et Maugis sont rencontrés par les barons que Charles a chargés de surveiller les abords de Paris. Le sang-froid de Maugis les sauve du péril ; mais un ribaud les reconnaît. Bayard le tue. — Dans P, ils sont reconnus une première fois à Orléans et Charles est averti de leur prochaine venue. Le reste comme dans A B, sauf de petites variantes. C part de P, conserve avec modifications légères les changements faits déjà au premier texte, et ajoute des développements nouveaux : 1o larcins et achats de Maugis ; 2o sa rencontre avec son créancier ; 3o la rencontre avec Charlemagne ; 4o la conquête du cheval de Perse.

Les imitations allemandes s’inspirent de la version P (Reinolt, v. 6404 sq.). À Orléans un espion entend une conversation de Renaud et de Maugis et court dénoncer leurs projets à Charlemagne qui n’y croit qu’avec peine. Il charge Faukes de Morlyon de faire le guet : s’il lui rapporte la tête de Renaud, il la paiera au poids de l’or. C’est une mauvaise interprétation de P : « Mes se vos li puez la teste roeignier, Ja mes ne sera jor ne vos aie plus chier ». Mais il est possible que P, assez coutumier du fait, ait passé les vers complémentaires de C : « Tant vos vorai doner et argent et or mier Que plus avez asez que letre sor Gaifier. »

Quand Renaud aperçoit l’ennemi, il s’effraie comme dans P C. Maugis annonce que le jeune homme parle breton, mais le discours de Renaud n’en est pas moins long et l’auteur n’essaie point de conserver quelque chose de l’étrangeté de son parler. Fauke ne répond pas moins : « sprich franzoys oder pickardie. » Survient alors Dunamels oublié plus haut (Dunay dans le roman populaire). Au retour on conseille à Charles de placer trente gardes à chaque porte.

Quand Renaud et Maugis veulent entrer, ils sont reconnus par le « ribaud » In des stund da ein rybalt Der was geheïssen Tybalt ; Er kante Reinolt wel. Le nom de Tybalt est là pour la rime. — Après la mort de l’hôte, c’est la femme qui appelle au secours : Maugis la fait taire en la menaçant.

Il n’y a rien des parties sûrement propres à C.

Notre édition populaire suit A, comme presque partout. — Dans le Rinaldo je ne vois qu’une trace dans le résumé donné par M. Rajna : Entrano nella città, passando attraverso alle guardie appostate per ispiarli (op. l. p. 48).

S’il semble certain que Boiardo ait emprunté aux Fils Aymon l’idée d’un tournoi où Gradasse vient dans la pensée d’y conquérir Bayard et Durandal, il est tout au moins à noter que le célèbre Rabican, du frère d’Angélique, ne paraît point sans rapport avec le coursier si rapide que d’après C, l’amirant avait envoyé disputer la couronne de Charlemagne que les Persans voulaient posséder. Le rapprochement s’impose. D’ailleurs Boiardo a pu connaître un texte des Fils Aymon où l’épisode était reproduit tel qu’il est dans C.