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peu connus n’est plus admissible, parce que nous savons que ces canaux sont pourvus dans leurs parcours de nombreux ganglions, dont la structure particulière ne permet nullement aux globules purulents de les traverser. La doctrine de la résorption et du dépôt du pus en nature, si longtemps décréditée et tournée en ridicule, a été reproduite et soutenue avec talent par Velpeau, Marchal, Eug. Legalois. Les défenseurs de cette doctrine, admettent que le pus sécrété dans la profondeur ou à la surface du corps, peut être résorbé, circuler en nature dans le sang, et se déposer également en nature dans l’épaisseur de tel ou tel organe, sans travail inflammatoire préalable de la part de ces organes. Les appuis de cette opinion disent vrai pour le point capital, mais il est avéré de nos jours que la matière purulente, douée d’une organisation particulière complexe, ne peut pas être absorbée en nature, à moins qu’il n’y ait une simple intravasation.

Le pus est composé d’une partie solide et d’une partie liquide, de globules et de sérum, et dans cet état, sous cette forme, il est susceptible de subir une résorption incomplète ou complète. Les globules purulents plus volumineux que ceux du sang ne peuvent pénétrer dans la circulation, les capillaires ayant un trop petit calibre ; le sérum seul est absorbé. Cette résorption incomplète (Virchow) dans laquelle les liquides sont seuls absorbés, abandonne dans la partie la masse des principes solides comme caput mortuum, comme quelque chose de mort, d’incapable de vivre. La résorption purulente peut intéresser les globules et le sérum en même temps ; ici encore le pus n’est pas absorbé comme pus, il subit une métamorphose graisseuse, il n’est plus qu’une substance émulsive, une espèce de liquide laiteux composé d’eau, de substances albuminoïdes et de graisse ; Virchow lui donne le nom de lait pathologique.